Heyoung Park, une pianiste sud-coréenne émérite au pays de France



Native du Pays du Matin calme (en réalité et littéralement Pays du Matin clair et frais), Heyoung Park a adopté la culture française et fait partager, à notre pays, son immense talent.



Dès l’âge de sept ans, encouragée par le son et à la vue de sa grande sœur de dix-sept ans jouant du piano, la petite Heyoung démarre, à son tour, l’apprentissage de ce bel instrument. Elle s’est donc mise, elle aussi, à jouer avec obstination. Devant une telle ténacité et constatant un talent certain, sa maman l’emmène dans un cours privé, chez une professeure de piano qui lui enseigne, tout d’abord, les bases théoriques et une nécessaire discipline. Mais, au bout d’un an et demi, Heyoung intègre une académie privée pour jouer un répertoire plus varié et d’un niveau supérieur, jouer aussi en public.

Heyoung Park - © Hubert Gouleret
Après sa sortie de l’Université nationale de Séoul, elle gagne la Belgique et le Conservatoire royal de Bruxelles où elle étudie en master. Durant ces cours, elle côtoie une professeure française et entend des airs de compositeurs français, tels Debussy, Ravel…. A la fin de ce cycle d’études, attirée par cette musique nouvelle et ces deux musiciens pour lesquels elle éprouve un grand intérêt, elle arrive en France. Elle croise, un beau jour, le grand pianiste Jean-Claude Pennetier, professeur au CNSM (Conservatoire national supérieur de Musique) de Paris avec lequel elle travaille au sein d’une classe de perfectionnement dont les cours sont libres mais sans diplômes. Mais cet illustre pianiste, appelé aux quatre coins du Monde, délaisse un tantinet sa classe, Heyoung ne s’y retrouve pas et intègre l’Ecole normale supérieure de musique de Paris/Alfred Cortot en 1991.

​Les vrais débuts

Mais tout commence vraiment en 1997. La jeune Heyoung Park obtient, cette année-là, le diplôme supérieur de pianiste concertiste de cette prestigieuse école. Dans la classe d’une certaine Germaine Mounier (1920-2006) -élève d’Yves Nat -, la même, grande interprète de Chopin et Schumann, dont l’un des disciples, l’organiste Claude Bouglon, fut le premier maître d’Hélène Berger, actuelle présidente du Festival international du Cap Ferret. Heyoung hérite du jeu perlé à la française au piano d’Yvonne Loriod, muse et seconde épouse d’Olivier Messiaen. Germaine Mounier l’emmènera en concerts, jusqu’à Sofia en Bulgarie où elle a créé un concours en hommage au compositeur français Albert Roussel. Puis, elle l’accompagne à Osaka au Japon où elle joue avant de devenir jury au grand concours de piano.

Consacrée professeur titulaire de la même école en 2007, prend la classe de sa professeure après son départ à la retraite. Ensuite, elle se produira en soliste, en musique de chambre et avec orchestre à Séoul, Atlanta, Moscou, Rhodes, Salzburg, Shanghai, dans de prestigieuses salles. Elle porte un intérêt particulier à certains récitals thématiques aux titres évocateurs : Impressionnisme et Expressionnisme, Belle Epoque…

L’association Paris Music Forum, un tremplin pour jeunes talents

En 2009, Heyoung crée l’association Paris Music Forum et en devient directrice artistique. Le but en est de faire jouer des élèves en vue de carrières et les fait participer au Festival du Cap Ferret dont elle a rencontré la directrice, Hélène Berger. Soutenue par les centres culturels coréen et japonais, elle obtient le droit, de sélectionner de jeunes talents. S’ensuivent des échanges musicaux entre Corée, France et Japon…
Entretemps, elle crée sa propre structure en Corée qui lui permet d’accentuer les échanges entre les trois pays.

​Heyoung Park, grande admiratrice de Debussy

L’année 2012 marque le 150ème anniversaire de la naissance de Debussy. A cette occasion, Heyoung Park est invitée à donner un cours d’interprétation à la Hochschule de musique de Vienne. Suivi d’une tournée Debussy, dans plusieurs universités sud-coréennes, de nombreux concerts-conférences. En a résulté l’enregistrement d’un DVD intitulé Pianisme de Debussy. Heyoung Park voue une telle admiration à la musique de Debussy qu’elle a hérité de son entourage le gentil surnom de Madame Debussy.
Heyoung Park enseigne en master class - © Hubert Gouleret

​Heyoung Park se partage entre Séoul et Paris

Aujourd’hui, Heyoung a ouvert à Séoul, en accord avec l’Ecole normale de Paris, une classe de master dans laquelle sont accueillis entre cinq et dix élèves. Dans l’optique d’un échange entre la Corée et la France. Le cycle d’études est sanctionné par un examen d’orientation auquel est convié le directeur de l’Ecole normale de Paris qui évalue le niveau. Les meilleurs pourront partir vers le doctorat ou l’enseignement et se produire dans des concerts.

​Entre la Corée et la France l’enseignement diffère

Des échanges sont organisés entre la France et la Corée pour faire connaître l’enseignement français aux élèves. L’enseignement coréen étant plus orienté musicologie, et destiné à apprendre la musique théorique au détriment de la pratique de l’instrument. Donc impossibilité voire grande difficulté à devenir un jour pianiste. En revanche, il permet d’être enseignant et d’exercer dans tous les cours complémentaires. Par opposition à l’Ecole normale de Paris, garante des anciennes traditions, où l’accent est mis sur toutes les méthodes de piano pour devenir un pianiste concertiste. Dans ce cas, le plus important reste l’instrument, son étude et comment s’en servir.Malgré la nouvelle notion d’étude en groupe, il est nécessaire de garder la notion de cours particuliers. Comme le martèle Heyoung, ʺIl est impensable d’enseigner à des groupes. Dans l’enseignement au niveau supérieur, il faut transmettre la méthodeà une personne à la fois, on ne peut pas donner à tout le monde en même temps. L’important est de garder le contact direct avec l’élève.ʺ.
Gageons que nous reverrons la grande pianiste démontrer tout son talent à l’occasion du Cap Ferret Music Festival du 5 au 12 juillet 2025!

www.capferretmusicfestival.com.capferretmusicfestival.com

 
Dimanche 12 Janvier 2025
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