Le Cambodge à la conquête du tourisme francophone !



Le Cambodge est une destination dont on parle peu, qui reste méconnue par rapport aux pays voisins que sont la Thaïlande ou le Vietnam et qui souhaite occuper une place à part entière en tant que destination touristique de l'Asie du Sud-Est. Après une prise de conscience de cette situation, des actions commencent à se mettre en place. Jacques Guichandut, un français, installé depuis longtemps dans le royaume, est le représentant officiel du ministère cambodgien du tourisme pour l'Europe francophone.



Phnom Penh - © ADC Shutterstock/Nelson Antoine
ClassTourisme - Jacques Guichandut, vous êtes le représentant officiel du ministère cambodgien du tourisme pour la Belgique, la France, Monaco et la Suisse. Tout d’abord, comment avez-vous découvert le Cambodge et pourquoi avez-vous choisi de vous y installer ?

Jacques Guichandut - © All Dreams Cambodia
Jacques Guichandut - On découvre toujours par les opportunités. J'ai une formation hôtelière, et je suis arrivé au Cambodge en 1995 en tant que directeur d'un petit hôtel. Puis j'ai rencontré un des directeurs d'une agence de tour-opérateur, Diethlem Travel, qui était un pionnier dans ce pays. Un an après, lors de son départ, il m'a proposé le poste que j'ai accepté, ensuite nous avons créé une autre société. Je n'aurais jamais imaginé que j'allais rester autant de temps au Cambodge, mais c'est la vie et je suis très heureux.
 
ClassTourisme - M. David Luy,  Ambassadeur du Cambodge en France a récemment déclaré : "Le Cambodge accorde une grande importance à la langue française, avec près de 40% des ministres actuels qui maîtrisent la langue de Molière, reflet d’un lien fort avec la Francophonie". Comment cet intérêt pour notre langue se traduit-il concrètement dans le pays ?
 
Jacques Guichandut - Alors, c'est historique par rapport à la présence de la France pendant de nombreuses années. La tradition du français, est encore assez répandue malgré tout, même si elle a perdu par rapport à l'anglais. Donc, au sein du gouvernement, le ministre de la Jeunesse et des Sports, qui parle parfaitement français, a fait en sorte qu'il y ait vraiment des programmes franco-khmers dans l'enseignement. Il existe plusieurs formations avec l'ambassade. Je crois qu'à l'Institut français du Cambodge, il y a à peu près 5000 jeunes cambodgiens qui étudient notre langue. Dans l'enseignement secondaire, c'est plus, environ 80 000. Donc, il y a une volonté politique du gouvernement, d’essayer de maintenir un certain niveau dans l'enseignement du français. Et puis après, vous avez de nombreux  échanges qui se font avec les universités, comme celle de Médecine, par exemple. Il y a eu beaucoup d'échanges de professeurs qui sont venus sur place. Donc, à ce niveau là c'est assez actif, on va dire. Après, il y a toujours des institutions telles que la Francophonie. D'ailleurs lors du sommet qui va se tenir à Paris, en octobre, nous allons annoncer officiellement que le Cambodge sera le prochain pays d’accueil en 2026.

ClassTourisme - Où en est la fréquentation touristique et plus particulièrement celle des visiteurs français ?
 
Jacques Guichandut - Alors, nous sommes toujours dans les dix premiers, depuis très longtemps. Ça, c'est pour le nombre de touristes. Il y a 10-15 ans, on était parmi les cinq premiers. Maintenant, on est plutôt dans les cinq derniers, sept ou huitièmes. On n'est pas encore revenu au niveau de 2019, malheureusement. On en est encore loin. Mais les Français font partie de ceux qui reviennent le plus par rapport aux autres marchés. De janvier à mai, on a eu environ 46 000 visiteurs. Alors qu'en 2019, on était à 66 000. Donc, il y a quand même une différence de 30 %.

Tonle Sap Kampong Kluk village - © All Dreams Cambodia
ClassTourisme - Les trois premières nationalités qui visitent le plus le Cambodge ?
 
Jacques Guichandut - Ça c'est intéressant. Les premiers, aujourd'hui, ce sont les thaïlandais, avec 740 000 visiteurs, puis les vietnamiens, 416 000 et en troisième position les laotiens, avec 152 000. Mais là, il faut faire très, très attention, parce qu'il faut savoir les analyser ces chiffres-là. Donc j'ai fait un comparatif avec le nombre d'entrées sur le site d’Angkor, qui est le seul lieu, on va dire, purement touristique, où il y a un rapport régulier, fiable. En comparant les données, vous avez des chiffres qui sont très intéressants, concernant aussi bien les thaïlandais que les vietnamiens… Un jour, je me suis posé la question, mais où sont –ils ? Et en fait, à peu près 2%, visitent le site d’Angkor, ça veut dire que si l’on ajoute les Laotiens, les trois premières nationalités, représentent environ un 1 200 000 visiteurs qui viennent au Cambodge. Mais il n'y en a que 2% que l'on peut considérer comme étant des touristes. Car en fait, tous les gens qui passent la frontière quotidiennement venant de Thaïlande ou du Vietnam sont comptabilisés, une partie venant pour leurs affaires, une autre partie également pour les casinos, puisqu'aux niveau des principaux postes frontières, il y a un casino.
Et là, par exemple, si vous considérez les 740 000 thaïlandais, il est plus élevé de 456% par rapport au  chiffre que l'on avait en 2019. Donc, voilà, tout est dit quelque part. En tant que vrais touristes, après déduction, vous arrivez à un chiffre beaucoup plus bas.

ClassTourisme - Quelle est la durée moyenne des séjours ?
 
Jacques Guichandut - Alors, la difficulté face à laquelle se trouve aujourd'hui le Cambodge, que le Covid a encore amplifié, c'est qu'on réalise que sur les marchés, aussi bien américains qu'européens, le Cambodge est considéré comme étant une extension et non pas comme une destination en part entière. Généralement, ça va être 3-4 jours sur Siem Reap à la suite d'un séjour au Vietnam, ou en Thaïlande. Après, tout  dépend du marché que vous ciblez. Notre objectif,  est vraiment de vendre la destination, avec des séjours moyens de neuf ou dix nuits.

Angkor Wat - © All Dreams Cambodia DR
ClassTourisme - Avez-vous déterminé les attentes de ces visiteurs éphémères, vis à vis de la destination ?
 
Jacques Guichandut - On va dire, plutôt l'image qu'ils ont, les attentes, c'est toujours, difficile à mesurer. L'image, elle est simple, c'est encore, les Kmers-Rouges, après, et bien, un peu tout ce qui est nature. Donc, ils considèrent  que quand ils ont visité Angkor, ils ont vu le Cambodge, quelque part. Et comme je le dis, aujourd'hui, le Cambodge a énormément évolué. Et tous les gens qui arrivent à Phnom Penh aujourd'hui, s’aperçoivent que ce n'est pas du tout l'image qu'ils avaient. Angkor, c'est le passé. Phnom Penh, c'est le Cambodge d'aujourd'hui et du futur. Nous avons aussi une série d’îles avec des plages magnifiques qui sont encore très peu exploitées et que les gens ne connaissent pas. Si vous voulez comprendre ce qu'est le Cambodge, il faut au moins aller à Phnom Penh. Vous allez voir des choses que vous n'imaginiez pas. Mais il y a un véritable souci de perception de l'image, et ça, c'est dû à une politique inexistante de promotion de la destination.

ClassTourisme - Vous constatez un manque de communication flagrant ?
 
Jacques Guichandut - On comprend très bien qu'au départ, les infrastructures environnantes n'existaient pas, et puis avec un bijou tel qu'Angkor, c'était facile. Le problème, c'est qu'après 30 ans, rien n’a changé. Ils n'ont jamais su mettre en avant les autres attraits de la destination. Donc là, tout est à retravailler pour qu'il y ait un positionnement qui soit beaucoup plus efficace. Parce qu’il n'est pas normal qu'aujourd'hui, on se retrouve les derniers de la classe, par rapport à nos voisins qui sont quasiment revenus aux chiffres de fréquentation de 2019.

Tonle Sap - village de Prek Toal - © ADC Osmose
ClassTourisme - Quelles perceptions les Cambodgiens ont-ils de la France et des français qui visitent leur pays ?

Jacques Guichandut - Alors, je dirais que la perception est très bonne. Il n'y a pas de rejet, au contraire. Enfin, moi, c'est une des raisons pour lesquelles je suis là depuis si longtemps. C'est un peuple qui est très chaleureux, très souriant, très jovial. Vous voyez, vraiment accueillant, donc les gens le ressentent. Dans une ville comme Siem Reap qui est tellement axée sur le tourisme, il est très facile de converser avec les cambodgiens. Ils sont très ouverts. Pour avoir un contact avec la population locale vous pouvez vous rendre dans la région de Kratie tout le long du Mekong ou de Kampot Kep qui est spécialisée avec le poivre de Kep. 

ClassTourisme - Jusqu'à maintenant, le Cambodge était assez discret pour la promotion de sa destination. Mais cette année, une campagne est en place, "Destination Cambodge 2024", qui  s'adresse à la clientèle francophone européenne. Quel est votre rôle ?
 
Jacques Guichandut - J'en suis l'initiateur et le directeur de campagne. En fait on m'a proposé ce poste, ce à quoi je ne m'attendais pas du tout. Avant la période Covid, je venais en France quasiment 3-4 fois par an. Maintenant beaucoup moins. J’y suis retourné en 2022, et j'ai commencé à réaliser que le Cambodge avait perdu en visibilité. J'ai fait mes classes en tourisme avec l'ouverture de la maison d'Indochine, et à l'époque il y avait encore une sorte d'aura du Cambodge. Aujourd'hui il n'y a plus rien. J'ai réalisé vraiment toute la difficulté de pouvoir vendre le Cambodge d'aujourd'hui. Donc quand je suis rentré, j'ai commencé à réfléchir et je me suis dit pourquoi ne pas lancer une campagne.

Logo de "Destination Cambodge 2024"
Et l'idée c'est à la fois que l'on puisse amener en France des acteurs aussi bien dans tout ce qui est artistique, public, ou autre. Mais surtout faire venir ici des journalistes, des influenceurs, sur les différents événements qui se déroulent au Cambodge. Parce qu'ils ne savent absolument pas communiquer à l'extérieur. C'est vraiment atypique. Les cambodgiens organisent des choses extraordinaires maintenant, mais personne n'est au courant. Donc ça c'est un vrai souci. D'où l’idée de cette campagne. Alors on a eu une période de flottement, on va dire honnêtement, parce que la question c'est le financement, toujours pareil. Là je compte beaucoup sur le sommet de la francophonie qui aura lieu en octobre, à Paris. Et dans la mesure où le Cambodge va être annoncé comme étant le pays accueillant en 2026, j'essaie de convaincre le gouvernement pour que l'on fasse une sorte de buzz et que l'on parle du Cambodge. En plus ça ne concerne pas que le marché français, mais cela vaut pour tous les pays de la Francophonie. C'est quand même assez important.

Tonle Sap forêt inondée - © All Dreams Cambodia
ClassTourisme - Comment le Cambodge pourra-t-il trouver sa place en tant que destination touristique à part entière ?
 
Jacques Guichandut - On essaie de réfléchir sur différentes actions pour que le Cambodge prenne sa place, dans l'esprit des gens. On parle beaucoup des pays voisins, en particulier Vietnam, Thaïlande et Laos. Mais c'est vrai que le Cambodge est carrément dans l'oubli. Une chose qui est asymptomatique, on a eu la visite officielle du Roi Norodom Sihamoni à Paris, en novembre 2023. Il a été reçu à l'Elysée par le Président Macron et il a également particicpé à la Conférence inter-gouvernementale sur Angkor au siège de l'UNESCO. À part un article dans, Histoires Royales, et dans Paris Match, rien ! En janvier, il y a eu une importante délégation cambodgienne, menée par le Premier ministre Samdech Thipadei Hun Manet, en se rendant à Davos. Il est vrai que  ça a été décidé un peu au dernier moment. Ils ont été reçus par le Medef, puis il y a eu un repas officiel avec à l'Elysée. Le Premier ministre a évoqué la création d'un Centre Régional de la Langue et de la Culture Française à Phnom Penh. Eh bien là, pareil, personne n'en a parlé. Il y a eu un article, alors que c'était la première visite officielle d'un chef d'État pour l'année 2024. Vous voyez ce que je veux dire ?

Il faut profiter de ce type d'événement pour que l'on parle vraiment du Cambodge. C'est l'occasion de braquer les projecteurs, de focaliser sur ce pays. Le Cambodge a toujours été traité d'une manière différente par rapport aux pays voisins. Par exemple, concernant le Covid, on a eu énormément de chance, on fait partie des cinq pays dans le monde à avoir le mieux combattu cette maladie. Personne n'en a parlé. Personne n'est au courant. C'était un des facteurs important pour que les gens retournent sur cette destination. On a été le premier pays à rouvrir complètement les frontières le 16 novembre 2021. Le seul pays. C'est dommage. Au Vietnam, au départ, ils ont très bien géré la crise, donc on en parlait partout dans la presse en France. Le jour où ils ont commencé à avoir des problèmes, comme dans d'autres pays, on n'en parlait plus. Ça, c'est historique et politique. Oui, c'est curieux. Mais il est vrai que dans la région, la Thaïlande est une destination très prisée. Et franchement, dès qu'il se passe quelque chose là-bas, on en parle. La grosse différence, c'est qu'ils ont le "Tourism Authority of Thailand" (TAT) avec des budgets très importants. Donc il y a un bureau efficace depuis de nombreuses années,  avec des campagnes de presse, des vidéos qui sont superbes. Voilà, ils savent communiquer et vendre le pays d'une manière qui fait que les gens ont envie d'y aller. Je me rappelle toujours avoir vu, juste après la période Covid, un film du TAT qui montrait Chiang Mai, tout le nord. Et en plus, par rapport à Chiang Mai, ce qui est hallucinant, c'est qu'à ce moment-là, dans la presse française, il ressortait que c'était l'une des villes les plus polluées au monde. Voilà, on ne sait pas faire jusqu'à présent.

Maison dans le village de Sry - © ADC/Ana Eduardo
ClassTourisme - Le gouvernement est-il sensibilisé à cette situation ?

Jacques Guichandut - Le nouveau gouvernement nommé en juillet et août 2023, a officialisé ces jours-ci « Cambodia Tourism Board », dans le même style que Singapour ou la Thaïlande, pour justement s'occuper de la marque, pour donner une autre image de nos différentes destinations, avec une collaboration étroite entre le secteur privé et public. Et ça, c'est la clé, parce que c'est ce qu'ont fait la Thaïlande, Hong Kong et Singapour. Et ce sont eux qui drainent vraiment les politiques de communication, de marketing et de marque. Donc j'espère que là, ça va décoller. Si ça ne marche pas, je rentre !

ClassTourisme - Vous avez un potentiel important à exploiter !
 
Jacques Guichandut - Il y a des choses formidables à découvrir là-bas. Tous les gens qui en reviennent, sont tous emballés. Nous arrivons à avoir quand même une clientèle qui passe 10-12 jours au Cambodge. Tout le monde adore, ceux qui viennent d'une extension du Vietnam, et qui ne restent que trois jours sur Siem Reap, par exemple, ont souvent un commentaire disant,  "C'est super, on a préféré ces quelques jours ici". Parce qu'il y a justement cet accueil que vous n'avez pas du tout dans les autres pays. Il y a, ce que je dis d’ailleurs au gouvernement, une chose fascinante que j'ai découvert progressivement, c'est le sourire Khmer, qui est assez unique. Si vous regardez bien toutes les sculptures qui sont à Angkor, vous découvrez un sourire que je ne retrouve pas dans les représentations indienne ou thaïlandaise. C'est une particularité cambodgienne incroyable. Il y a des sculptures d'Apsara avec un sourire, que vous ne voyez pas ailleurs. J'ai donc trouvé mon logo pour la campagne, pour mettre ce sourire en avant.

Koh Rong Long Beach - © ADC Shutterstock/Blue Orange Studio
ClassTourisme - Quelle est l'importance du tourisme dans l'économie cambodgienne ?

Jacques Guichandut - Alors, on dit que c'est le troisième pilier. Donc, ça représente à peu près dans les 28% de l'économie. Le problème, c'est qu'il est difficile de pouvoir véritablement chiffrer parce qu'il y a beaucoup de métiers ou d’activités qui sont liés au tourisme et qui ne sont pas forcément déclarés.

ClassTourisme - Quels sont les principaux tour-opérateurs qui proposent des séjours ?

Jacques Guichandut - Je pense que le premier, c'est Asia, et après, vous avez  Voyageurs du Monde. Peu de TO, en France ont aujourd'hui un circuit purement Cambodge, c'est toujours lié à d'autres destinations voisines. Le problème c’est que l’on n'a toujours pas de vols directs, ce qui nous pénalise.

ClassTourisme - Alors, est-il facile d'organiser seul son voyage, quelles sont les formalités pour entrer au Cambodge ?

Jacques Guichandut - Alors, les formalités sont très simples. Vous pouvez avoir soit un visa à l'ambassade, soit sur "ivisa" sur Internet, ou alors à l'arrivée. Tout simplement, c'est 30 dollars. Il faut que votre passeport, soit au moins valide six mois après votre retour.  Par rapport au visa, c'est en ce moment un sujet très sensible, parce que nos voisins les ont quasiment tous supprimés. Pour circuler tout seul au Cambodge, c'est très, très facile. Les transports en commun se sont énormément développés. Vous pouvez réserver votre chambre d'hôtel la veille. Donc, c'est aussi facile, je dirais, que voyager en Europe à l'heure actuelle.

Sourire Khmer - © ADC Shutterstock/vivanvu
 ClassTourisme - Quelles sont les périodes à privilégier pour se rendre au Cambodge ?

Jacques Guichandut - Alors, les périodes, les plus intéressantes, vont de fin octobre, jusqu'à avril, pour la saison sèche. Mais on peut bien entendu y venir toute l'année.

ClassTourisme - Les fêtes marquantes qui sont intéressantes à vivre sur place ?
 
Jacques Guichandut - Alors, la plus connue, c'est la Fête de l'Eau, lors du changement des courants entre les fleuves Tonle Sap et Mekong. Donc ça, c'est assez spectaculaire. Et puis après, vous avez le Nouvel An Khmer, en avril, en septembre, octobre, ce sont les cérémonies des ancêtres. Et après, il y a de très nombreuses fêtes qui se mettent en place. 

Merci Jacques Guichandut pour cet éclairage sur le Cambodge, un pays qui a su vous séduire, riche pour sa culture, son histoire, sa population accueillante et la beauté naturelle de ses paysages. En souhaitant que cette destination s'installe comme expérience touristique unique, inoubliable et incontournable pour ses visiteurs. 


 
Samedi 28 Septembre 2024
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