Lyon : La Fête des Lumières transformée en hommage aux victimes des attentats

Compte tenu de la situation exceptionnelle que vit la France suite aux attentats qui ont frappé Paris vendredi 13 novembre, la ville de Lyon a décidé d’annuler la Fête des Lumières qui dans sa configuration initiale devait se dérouler du 5 au 8 décembre et de la transformer en un hommage aux victimes des attentats. Il aura lieu le dimanche 8 décembre. Ce jour-là, tous les Lyonnais sont appelés à illuminer la ville en mettant des lumignons à leurs fenêtres. Les lumignons seront d’ailleurs présents sur la tour Incity et le « crayon » de la Part-Dieu à travers des scénographies spécialement conçues pour l’occasion. Par ailleurs, les quais de Saône et la colline de Fourvière présenteront l'œuvre de Daniel Knipper, intitulée « Regards ». Programmée initialement, cette fresque composée de gros plans sur les yeux des personnages de tableaux de maîtres, rendra hommage aux victimes des attentats, en faisant également défiler leurs prénoms sur les façades des quais. D’ici là, afin de faire grandir la mobilisation, 200 000 lumignons seront distribués aux élèves des écoles et vendus aux Lyonnais par des bénévoles au profit de l'association des victimes du terrorisme et de l’association « Rêves » qui est cette année le bénéficiaire de l’opération «Lumignons du coeur ». 2015 sera donc une édition hors norme qui reviendra en quelque sorte aux sources spirituelles de cette manifestation si chère aux yeux des Lyonnais.   

Car la Fête des Lumières fait partie intégrante de la tradition lyonnaise et constitue un des marqueurs de son identité. En 1852, le clocher de la basilique de Fourvière est couronné d’une statue de la Vierge Marie en bronze doré. Le 8 décembre, l’inauguration, déjà reportée, fut contrariée par un violent orage : les manifestations religieuses et les feux d’artifice prévus furent noyés et durent être annulés. Le soir, profitant d’une accalmie, les Lyonnais illuminent leurs fenêtres avec des bougies placées dans des verres de couleur. Ce ne sont pas deux ou trois rues, mais des quartiers entiers qui s’illuminent spontanément. En très peu de temps, toute la ville s’embrase de petites lumières. Les Lyonnais descendent dans les rues, chantent des cantiques et crient “Vive Marie !”. 

La Fête des Lumières est née, véritable ferveur spontanée, authentique et gratuite. Année après année, la composante religieuse et officielle du 8 décembre se double donc d’une composante festive et populaire, pour devenir aujourd’hui, avec la Fête des Lumières, ce moment fort dans l’esprit des Lyonnais, où tous se rassemblent pour exprimer leur joie d’être ensemble et d’admirer leur cité.  Dans les années 1960, cette tradition de la mise en lumière est conjuguée sous une nouvelle forme : celle des concours de vitrines menés notamment par les commerces de bouche. Elles animent les déambulations du 8 décembre et marquent le lancement des festivités de fin d’année. Les familles lyonnaises sortent admirer les vitrines illuminées, annonciatrices des fééries de Noël. En 1989, c’est par une politique novatrice d’éclairage public que cette tradition du travail de la lumière se réinvente. La ville initie son premier plan lumière, un programme de valorisation de l’espace urbain par la mise en lumière de nombreux éléments de son patrimoine architectural. Première ville européenne à se lancer dans une telle aventure, Lyon devient pionnière et ne tarde pas à ouvrir un chemin d’excellence. Chaque année depuis 1989, les fleuves, les collines, les grands axes de circulation, et les bâtiments emblématiques de Lyon sont ainsi sublimés par la lumière. Rendez-vous en 2016, pour une fête, nous l’espérons tous encore plus belle et apaisée.