Sur les traces d’Alexandre Dumas, ʺCe siècle avait deux ans !ʺ



Le poème autobiographique de Victor Hugo aurait pu convenir à Alexandre Dumas. Les deux naquirent en 1802. Dumas, plus précisément à Villers-Cotterêts, Hugo à Besançon. Leurs tombeaux sont au Panthéon.



Les deux, fils de généraux d’Empire, ont en point commun un grand personnage de l’Histoire de France : l’empereur Napoléon Ier. L’intérêt que les deux avaient de lui n’était pas forcément le même, loin s’en faut. Toute sa vie, Hugo n’aura de cesse de rabaisser Napoléon III au profit de son oncle, Napoléon Ier. Ce qui lui vaudra l’exil, tout d’abord à Bruxelles, puis à Jersey, enfin à Guernesey. Alexandre Dumas, lui, subira le contrecoup de la disgrâce de son père aux yeux de Bonaparte, sacré empereur en 1804, devenant ainsi Napoléon Ier.
 
En effet, après s’être brillamment illustré pendant les campagnes de la Révolution française, le général Dumas suit en Egypte, en 1798,celui qui n’était encore que Bonaparte, pendant une campagne où les soldats affrontent la terrible chaleur et tombent comme des mouches lors de la fameuse marche d’Alexandrie au Caire. Puis, il y a les batailles de Chebreisset des Pyramides face aux Mamelouks ottomans soutenus par les Anglais. C’est au lendemain de cette dernière que, soucieux de l’état des troupes, l’humaniste général Dumas en fait la remarque à Bonaparte, lui reprochant de favoriser ses seuls intérêts au détriment de l’état de santé de ses soldats. Devant la rigueur du général en chef, Dumas le quitte et rentre à Paris. Erreur fatale car, sur le chemin du retour, il est retenu prisonnier par le gouvernement de Naples et subit moult sévices dont il sort grâce à la victoire de Marengo en juin 1800. Malgré tout, fortement handicapé, avec une grave blessure à la jambe droite, une paralysie de la joue gauche, une surdité de l’oreille droite et pratiquement aveugle de son œil droit. Cerise sur le gâteau, il souffre d’un ulcère qui causera sa mort prématurée. A cela s’ajoute la rancune du nouvel empereur qui refuse de lui payer son arriéré de solde et les indemnités auxquelles il a droit. Un tel destin, celui d’un héros, mériterait que l’on s’y attarde. Mais, attention ! Sans passion exacerbée, avec toujours à l’esprit ces sentiments de justice et d’objectivité qui caractérisaient ledit héros. Sous peine de se laisser entraîner dans un maelström de divagations et de folles allégations…

Nef et choeur de l'église Saint-Nicolas de Villers-Cotterêts - © Hubert Gouleret
Mais revenons à la naissance de l’auteur des Trois Mousquetaires à Villers-Cotterêts et partons sur ses traces axonaises. ! Lepetit Alexandre, petit-fils d’une esclave noire, pousse donc son premier vagissement le 24 juillet 1802 dans la maison familiale du 46, rue Alexandre-Dumas, et est baptisé le 12 août suivant en l’église Saint-Nicolas contiguë au château.

Dans cette belle cité de l’Aisne, dans ce Valois qui a, également, vu l’avènement de deux autres personnalités de la littérature française. Le premier, Jean de La Fontaine en 1621 à Château-Thierry, le second, Jean Racine en 1639 à La Ferté-Milon. Pourtant, le jeune Alexandre, celui que l’on qualifiera plus tard, pour ses écrits, autant d’écrivain prolifique que prolixe, aura un commencement de vie des plus compliqués. 
Maison natale d'Alexandre Dumas - © Hubert Gouleret

Son père meurt tout début 1806 des suites de son ulcère. Il n’a pas encore quatre ans. Il vient de passer deux belles années au château des Fossés loué par son père. Actuellement, demeure privée située sur la commune d’Haramont et ouverte au public à certaines périodes de l’année. Il en écrira ses souvenirs dans Le Meneur de Loups. Puis commence la période du dénuement. Il sera élevé par ses grands-parents maternels jusqu’à l’âge de 9 ans, âge auquel il entre au collège de l’abbé Louis-Chrysostome Grégoire, vicaire de Villers-Cotterêts et directeur de l’établissement qui portait son nom. Transformé, l’ancien collège est devenu, aujourd’hui, l’Ecole maternelle Alexandre Dumas, située au 33 de la rue du Général-Mangin. Ses parents s’étaient mariés en 1792. Sa mère, Marie-Louise Labouret, était la fille des aubergistes de l’Hôtel de l’Epée sis dans la même ville. Grâce à l’abbé qui lui donne des cours particuliers, le jeune Alexandre échappe en partie au dénuement promis et en profite pour enrichir son savoir. Il y restera deux ans, subissant cependant moqueries et insultes de ses camarades, dues à sa couleur de peau et à son ignorance relative. Malgré tout, il réussit grâce à l’abbé, son protecteur, à être reçu au service d’un notaire comme garçon de courses, puis comme 3ème clerc. Charge due à ses talents de calligraphe. Sa rencontre, en 1819, avec Adolphe de Leuven -de deux ans son aîné -, son futur grand ami, forgera son avenir. Ensemble, ils écriront vaudevilles et drames, la plupart refusés. En 1823, c’est le départ pour Paris. La carrière de l’homme aux plus de trois cents œuvres peut vraiment commencer. En sortiront, parmi les plus connues, Les Trois Mousquetaires ou encore Le Comte de Monte-Cristo dont le récent film avec Pierre Niney connaît un succès international.

Avant cette promenade sur les pas de Dumas, il est un endroit, rue Demoustier, à absolument visiter, le musée qui lui est consacré et qui entretient la mémoire de trois générations de l’illustre famille Dumas. Pour terminer ce survol de la vie de la famille Dumas, une visite du cimetière municipal s’impose. Le caveau familial est là, déclinant les prénoms et rappelant l’importance que cette grande lignée a prise dans l’histoire de Villers-Cotterêts et de la France.

Tombes de la famille Dumas - © Hubert Gouleret
Le 3 octobre 2002, le cercueil d’Alexandre Dumas est entré au Panthéon et a rejoint celui de son ami Victor Hugo, son prédécesseur depuis le 1er juin 1885 dans les conditions de grande liesse que l’on connait.

Musée Alexandre Dumas 24, rue Demoustier 02600 Villers-Cotterêts 03 23 96 23 30
https://webmuseo.com/ws/musee-dumas

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Vendredi 15 Novembre 2024
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