Départ du Vendée Globe 2016 - © Vincent Curutche
Pour de nombreuses raisons, en partie dues à la période de pandémie, la neuvième édition du Vendée Globe, sera à n’en pas douter le grand rendez-vous sportif hexagonal et international de l’hiver 2020-2021. Jamais depuis sa création en 1989 la course n’avait réuni un plateau aussi important et aussi varié avec 33 marins au départ le 8 novembre dont 10 étrangers et 6 filles. Pour cette édition 2020-2021, le niveau sportif aura pour caractéristique d’être extrêmement relevé. Déjà sur le podium en 2017, deux marins incarnent plus particulièrement cette excellence. Le Britannique Alex Thomson (2e en 2017), dont ce sera la 5e participation et le Français Jérémie Beyou (3e en 2017), qui s’engage pour une quatrième Vendée. Ces deux virtuoses de la glisse expérimentés seront challengés par une horde de prétendants ambitieux, dont une majorité n’a jamais disputé la course auparavant.
Dix-huit bizuths
Nouveau record cette année, dix-huit marins vont se lancer pour la première fois en solitaire à l’assaut de la planète. Mais tous ont fait leurs armes sur d’autres circuits ou d’autres supports, avec, pour certains, des succès remarquables. Parmi ces « bleus » du Vendée Globe, nous trouvons pêle-mêle un multiple champion paralympique (Damien Seguin), un recordman autour du monde et vainqueur de la Volvo Ocean Race (Kevin Escoffier), des vainqueurs de la Solitaire du Figaro (Nicolas Troussel, Sébastien Simon), un lauréat de la Transat Jacques Vabre (Charlie Dalin) ou de la Route du Rhum (Armel Tripon).
Les filles en force
Samantha Davies - © DR
Elles étaient les grandes absentes de l’opus 2016-2017. Les voilà qui reviennent en force cette année pour incarner un autre record, celui de la participation féminine. Six navigatrices s’aligneront le 8 novembre prochain. Jusque-là, aucune édition n’avait atteint ce ratio, la moyenne n’excédant pas les deux participantes. Il a d’ailleurs fallu attendre le 3e Vendée Globe, en 1996, pour voir arriver les pionnières : Catherine Chabaud, première femme à avoir bouclé la course et Isabelle Autissier. Sur les sept femmes à avoir pris le départ d’un Vendée Globe, deux ont marqué le tour du monde de leur sceau : les Britanniques Ellen MacArthur, 2e en 2001 et Samantha Davies, 4e en 2009. Sam est de retour cette année pour la 3e fois de sa carrière, avec de fortes ambitions et un très fort potentiel. La navigatrice anglaise fait partie d’un contingent de qualité, composé de filles qui ont prouvé leur excellence et leur ténacité : Isabelle Joschke, Clarisse Cremer, Alexia Barrier, Pip Hare et Miranda Merron.
Dépassement de soi et aventure
Banque Populaire - CLarisse Cremer - © Yvan Zedda
Pour remporter le Vendée Globe, il faut cocher de nombreux critères : un projet structuré, un bateau rapide et fiable, du talent et de la réussite. Certains athlètes ont toutes ces cordes à leur arc et affichent clairement leur désir de l’emporter. Mais le résultat sportif n’est pas l’ambition exclusive de tous les navigateurs. Il y a ceux, aussi, qui viennent chercher une première expérience ou qui s’embarquent pour le rêve d’une vie. Le Vendée Globe est une épreuve unique au monde, où la compétition pure côtoie l’aventure. Où, par-delà le sport, tous les marins, face aux éléments, seront unis par un destin commun : celui de la rencontre avec ses propres limites, du dépassement de soi, des émotions extrêmes. Ils seront aussi reliés par le même désir de finir, de boucler cette immense boucle de 21 638 milles (40 075 km), après 70 à 100 jours de mer, en solitaire.
10 étrangers, 2 binationaux, 9 nations
Alex Thomson - © DR
Le rayonnement international du Vendée Globe prend de l’ampleur au fil des éditions. Cette année, ils sont 10 marins venus d’ailleurs (soit presque 30 % de la flotte) représentant le Royaume Uni, la Suisse, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, la Finlande, l’Australie et le Japon. Et l’un d’eux a l’étoffe d’un grand favori. À égalité avec Jean Le Cam, en termes de nombre de participations, l’Anglais Alex Thomson, deux fois sur le podium (2013 et 2017), est le plus expérimenté et le plus capé des navigateurs au départ. Entre le plus jeune compétiteur, le Suisse Alan Roura, 27 ans, qui participera à son deuxième Vendée Globe, et le vétéran Jean Le Cam, 61 ans, dit aussi le Roi Jean qui s’aligne pour la 5e fois, l’âge des skippers reflète parfaitement les caractéristiques de ce sport à maturation lente. De nombreux quadras et quinquas s’engagent dans ce grand tour de l’antarctique. Au large, l’expérience peut faire la différence !
La folie des foils et des grandes vitesses
Charal - Jeremie Beyou - © G.Lebec
Depuis quelques années, la classe IMOCA a embrassé l’ère des foils, ces « ailes sous-marines » qui permettent de sustenter les bateaux au-dessus de l’eau, de les faire parfois littéralement voler, et qui offrent des vitesses folles aux grands monocoques de carbone. L’édition 2016 avait amorcé ce virage technologique. Celle de 2020 l’a allègrement emprunté, donnant naissance à des plans porteurs plus grands et plus sophistiqués. Pour cette édition, 19 des 33 monocoques sont dotés de ces appendices impressionnants, dont 8 bateaux de toute dernière génération. Les 60 pieds IMOCA (18,28 mètres) sont devenus des machines plus complexes et surtout, beaucoup plus rapides. Il est probable que le temps de référence établi par le dernier vainqueur Armel Le Cléac’h (en 74 jours 3 heures et 35 minutes) soit battu. Les hautes vitesses vont toutefois ouvrir d’autres problématiques : celle de la vie à bord, de plus en plus difficile, et de la capacité des hommes et des femmes à encaisser les soubresauts de leurs machines sur la durée.
Le Vendée Globe, une course responsable
Le Vendée Globe s’inscrit également dès cette édition dans une démarche responsable de long terme. En dehors d’une organisation événementielle naturellement pensée pour limiter l’impact sur l’environnement, d’autres actions concrètes sont en cours, qui ont pour vocation la sensibilisation du public à la protection des océans. À commencer par les plus jeunes, qui bénéficieront d’outils pédagogiques proposés par le programme Vendée Globe Junior. Cette thématique sera portée à la fois sur le village et sur l’ensemble des supports de communication de l’événement. Car pour protéger l’océan, il faut d’abord le connaître ! Dans la lignée de la démarche initiée par les skippers de la classe IMOCA, le Vendée Globe et la Commission Océanographique Intergouvernementale (COI) de l’UNESCO sont sur le point de signer une convention, dont l’objet est la collecte de données relatives à l’océan et à l’atmosphère. Plus d’un tiers des skippers de la flotte seront engagés dans cette action et embarqueront des instruments pour effectuer des relevés et des mesures. Des détails seront donnés ultérieurement quant au contenu de cette opération.
Une course mythique dans un contexte inédit
Jean Le Cam prêt pour son 5ème Vendée Globe - © DR
Le Village qui avait ouvert ses portes le 17 octobre en respectant un strict protocole sanitaire vient de fermer, confinement oblige, au public. Symbole de notre volonté de continuer à vivre malgré les difficultés que traverse notre pays, le départ de l’épreuve se déroulera comme prévu le 8 novembre à 13h02 à huis clos, sans public. Il sera retransmis en direct sur vendeeglobe.org et sur de nombreuses chaînes de télévision. Course au large mythique, le Vendée Globe se court en solitaire : un homme ou une femme, le tour du monde, un bateau. Elle est de fait l’une des épreuves sportives la mieux adaptée au respect des gestes barrière. Sans escale : seule une escale technique est envisageable dans le cadre d’un retour aux Sables d’Olonne, dans un délai maximal de 10 jours après le départ. Sans assistance : le marin est seul à bord pendant deux à trois mois. Oui, le Vendée Globe est bel et bien une course extrême !
Site officiel : https://www.vendeeglobe.org
Site officiel : https://www.vendeeglobe.org