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Bordeaux et sa Cité du Vin, un parcours initiatique incontournable



La Cité du Vin reste, pour le visiteur, une étape riche en enseignements sur le vin à travers le monde. Mais tout commence par une découverte du cœur de la patrie de Montaigne.



Avant de se plonger dans l’Histoire du vin au fil des siècles, il est recommandé de parcourir les rues du centre de Bordeaux, s’imprégner de cette architecture incomparable, base d’un commerce florissant dès le XIIème siècle, là où se faisaient et se défaisaient les grandes fortunes.
Bordeaux et le port de la lune - © Cyril Cosson - Droniryc
Bordeaux et le port de la lune - © Cyril Cosson - Droniryc

Dès le XVème siècle, Bordeaux est appelée Port de la Lune, en référence au méandre, en forme de croissant de lune, de la Garonne à sa hauteur. Dès 1947, Jacques Chaban-Delmas devient maire, un maire dont les dernières années du mandat de 48 ans seront marquées du sceau de l’immobilisme. L’arrivée d’Alain Juppé en 1995 a littéralement métamorphosé la cité. En la désenclavant avec l’avènement du TGV, la dynamisant avec l’implantation du tramway, l’embellissant par des aménagements intérieurs adaptés à la vie des habitants et la saupoudrant ici et là d’écologie. Aujourd’hui, la cité est dynamique, restaurée, agréable à vivre etheureuse de le faire savoir.Son cœur palpite et son économie est florissante...

Monument aux Girondins place des Quinconces - © Hubert Gouleret
Monument aux Girondins place des Quinconces - © Hubert Gouleret
La promenade démarre place des Quinconces et son Monument aux Girondins, en hommage aux députés girondins victimes de la Terreur. Là, se situe l’Office de Tourisme, véritable mine d’informations, notamment grâce aux guides-conférenciers, pour partir à la découverte de l’Histoire de la cité riche en anecdotes.

L’une des premières choses à arpenter sont les Allées de Tourny bordées de jolies façades vieilles de près de trois siècles. Cette magnifique place, plantée de nombreux arbres rafraichissants durant la belle saison, a été créée,au XVIIIème siècle, par Louis de Tourny, intendant royal. On y trouve les deux plus anciens commerces de la ville, la Chocolaterie Cadiot-Badie (1826) et le studio de photographie Panajou Frères, dont l’institution fut créée en 1865 rue de la Course pour déménager, dès 1899, à l’emplacement actuel du 50, allées de Tourny. En cette seconde moitié du XIXème siècle, les deux frères, Fernand et Rémy, faisaient partie des inventeurs du portrait photographique.

De son côté, arrivé à Bordeaux dès 1615 dans les valises d’Anne d’Autriche à l’occasion de son mariage avec Louis XIII, le commerce du chocolat devint très vite florissant et engendra rapidement l’ouverture d’échoppes telles que ladite Chocolaterie Cadiot-Badie.

​Le Grand Théâtre

Ensuite, après avoir parcouru l’espace que les Bordelais qualifient de Triangle d’Or, apparaît le Grand Théâtre, imposant bâtiment flanqué en sa façade de douze colonnes corinthiennes, et dont la visite intérieure est un émerveillement pour les yeux. Avec ses ors et décors, son imposant lustre fait de cristal de Bohème, et, surtout, sa magnifique coupole, œuvre du peintre Jean-Baptiste-Claude Robin.
Le Grand Théâtre - © Steve Le Clech Photos
Le Grand Théâtre - © Steve Le Clech Photos

C’est ici, pendant la Guerre de 1870, que les membres de l’Assemblée nationale, réfugiés à Bordeaux, proclamèrent la IIIème République le 4 septembre 1870, deux jours après la défaite de Sedan

​La Place de la Bourse, centre névralgique du commerce bordelais

Situé idéalement au bord de la Garonne, ce grand espace était destiné à accueillir toutes les marchandises en provenance des lointaines contrées du Monde et de France, notamment les vins régionaux et ceux de nos provinces. Sous le règne de Louis XV, l’intendant Claude Boucher entend ouvrir la cité aux échanges commerciaux. A partir de 1720, il ordonne la destruction des anciens remparts de la ville et fait aménager une grande place ouverte sur la Garonne, l’ancienne place Royale avec, en son centre, la statue équestre de Louis XV. Laquelle fut détruite en 1792 et remplacée en 1869 par l’actuelle Fontaine des Trois Grâces, filles de Zeus. Un palais somptueux à la mesure de la richesse de la province Aquitaine, destiné à réguler l’intense commerce régnant, y verra le jour, bordant la place et concentrant toutes les administrations relatives au commerce. D’un côté, le Palais de la Bourse, de l’autre, son vis-à-vis, l’Hôtel des Douanes, affirmant ainsi le côté symétrique.
 
Chefs-d’œuvre architecturaux, ils sont dus à l’architecte Jacques Gabriel et à son fils Ange-Jacques. En leur milieu, à l’intersection des rues Saint-Rémi et Fernand-Philippart, un magnifique bâtiment vertical rappelle, par son fronton, le souci des architectes à renforcer l’unité de l’ensemble avec cette création. Côté quais de la Garonne, le Miroir d’Eau accueille les majestueux édifices de la Place de la Bourse s’y reflétant, magnifique spectacle dès la tombée du jour.

​Le Miroir d’eau, le plus grand au monde

Elément central des quais de la Garonne, implanté en 2006 sous la houlette du fontainier Jean-Max Llorca et du paysagiste Michel Corajoud, il reste, fort de ses 3 450 m2, le plus grand au monde. Classé au Patrimoine mondial contemporain, il se compose d’un réservoir d’eau de 700 m3 et d’un système de pompes et d’électrovannes permettant la circulation de l’eau sur deux centimètres et la diffusion de brouillard, effet amplifié grâce à 900 injecteurs répartis au milieu des dalles de granit. Son cycle se décompose en trois minutes de remplissage, quinze minutes d’effet miroir, cinq minutes de vidange et trois minutes de brouillard. Son fonctionnement est arrêté en hiver pour maintenance. Scène de jeux pour les enfants, il est, pour les grands, un espace de détente, de flânerie…

Miroir d'eau - © Steve Le Clech Photos
Miroir d'eau - © Steve Le Clech Photos
De flânerie il est question lorsque les pas nous guident dans le dédale des anciennes rues aux façades pittoresques. Découvrir une porte en bois vieille de plusieurs siècles, une sculpture cachée dans un renfoncement, des fenêtres à meneaux, balcons et grilles de fer forgé… Bref, toute une architecture classique et néo-classique dans laquelle se glissent de fortes influences baroque et rococo.

La Place du Parlement, parfait exemple architectural du XVIIIème siècle

Construite en 1760, l’ancienne Place du Marché Royal est l’œuvre de Louis de Tourny bien décidé à faire de Bordeaux la plus belle ville du royaume. Il y fait construire de magnifiques immeubles aux façades uniformes de pierre taillée de Gironde. Le rez-de-chaussée est occupé par toute une ribambelle de commerces et les étages - égayés de balcons et balustrades en fer forgé - servant de logements. L’ensemble des façades est artistiquement décoré de mascarons (ornements représentant généralement des visages humainsaux expressions parfois effrayantes destinés à éloigner les mauvais espritspour éviter qu’ils n’entrent dans les demeures). En flânant dans les rues pittoresques du Vieux Bordeaux et du quartier Saint-Pierre, on atteint les quais et, en les suivant vers les bassins à flots, le tramway laisse deviner, au fur et à mesure de son avancée, un bâtiment à l’architecture de verre et de métal, s’inspirant du fleuve Garonne et du vin. L’édifice évoque le vin qui tourne dans le verre, à l’instar du mouvement enroulé du cep de vigne. Belle image ! La Cité du Vin s’offre à vous…

La Cité du Vin, un lieu unique au Monde, entièrement consacré au Vin

Il faut remonter au Ier siècle pour voir les Bituriges, peuple celte implanté dans la région d’Avaricum (Bourges), se déplacer en Aquitaine, province créée par Auguste. Ces Bituriges Vivisques ont commencé à y créer leur propre vignoble à base d’un cépage résistant au froid et répondant au doux nom de biturica. Ni plus ni moins que l’ancêtre des cabernets. L’union, en 1152, d’Aliénor d’Aquitaine - ancienne reine de France quinze ans durant - avec Henri Plantagenet, futur Henri II d’Angleterre, va sceller la vocation viticole de la province. Deux ans plus tard, Henri monte sur le trône d’Angleterre sous le nom de Henri II Plantagenet et devient seigneur d’Aquitaine. A partir de cette période, les échanges commerciaux entre la Bretagne (actuelle Grande-Bretagne) et la province vont s’intensifier. Les Anglais exportent denrées alimentaires, métaux, textiles… et importent le « claret », un petit vin de couleur claire, d’où son nom, qu’affectionne Henri. C’est la naissance d’un grand vignoble bordelais et le début de l’essor du port de Bordeaux. Pour la petite histoire, les expéditions se font par tonneaux de 900 litres. Le tonneau deviendra l’unité internationale de volume pour le jaugeage des navires.
 
Au XVIIème siècle, le rôle grandissant des Hollandais va transformer les habitudes commerciales et les viticulteurs bordelais seront amenés à leur fournir des vins blancs doux et secs adaptés à la distillation.  Le XVIIIème siècle verra l’éclosion d’un trafic commercial avec les Antilles. Un marché colonial permettant la prospérité de Bordeaux jusqu’à la Révolution. Vers le milieu du XIXème siècle, le vignoble bordelais sera frappé par une terrible maladie : l’oïdium. Dès 1857, le péril est conjuré grâce aux traitements à base de soufre. S’ensuivra l’épidémie de phylloxera qui décimera le vignoble français. Malgré cela, la deuxième moitié du siècle connaîtra une augmentation de la production grâce à des exportations accrues vers l’Allemagne, l’Angleterre, la Belgique, les Pays-Bas et la Scandinavie.
lLa Cite du vin - © Piscol
lLa Cite du vin - © Piscol

Aujourd’hui, après le siècle dernier consacré à la réglementation, le temps est au vin dans l’environnement. En quelque sorte, une révolution culturelle…
Forte de ses 13 500 m2 répartis sur huit niveaux, la Cité du Vin a nécessité l’emploi de 9 000 m3 de béton et 1 000 tonnes d’acier.
Cœur de l’expérience de la Cité du Vin, l’Exposition permanente occupe le 2ème étage. Répartie sur 3 000 m2, elle a pour vocation de faire découvrir le vin dans le Monde sur 18 espaces différents. On y découvre les multiples facettes de ce breuvage divin dont Dionysos (Bacchus chez les Romains) a tant vanté les propriétés. Dans l’Antiquité, boisson sacrée des dieux, le vin se doit d’alimenter leur table où seuls sont admis comme convives rois et héros. Selon Homère, il participe aux cérémonies et à toutes les libations terrestres. L’exposition aborde la diversité des paysages viticoles mondiaux, les terroirs, les cépages, les pays producteurs, l’élaboration du vin et bien d’autres aspects du vin dont son importance dans les différentes civilisations. Plusieurs événements culturels ponctuent l’année permettant d’aborder des thématiques variées…

Les bassins à flots vus du Belvédère - © Hubert Gouleret
Les bassins à flots vus du Belvédère - © Hubert Gouleret
Au 1er étage, Via Sensoria dont c’est la première édition, intitulée Au rythme des saisons, se révèle un merveilleux parcours immersif de dégustation se déclinant dans chacun de quatre pavillons symbolisant les quatre saisons. L’on y apprend, notamment, comment un vin – proposé à chaque étape - peut être relié à une saison et non tout simplement à un plat comme il est de coutume. Une expérience alliant les sens et enrichissante à plus d’un titre.
Il est possible de visiter Via Sensoria jusqu’au 5 novembre. L’année prochaine, un autre thème sera abordé à partir du printemps.

Situé au 8ème et dernier étage à 35 mètres de haut, dominant les bassins à flots et le fleuve Garonne, le Belvédère offre un point de vue panoramique. Son bar permet de tester un vin venu d’autres contrées du Monde.

Côté restauration, le restaurant panoramique Le 7 qui occupe le 7ème étage, est ouvert en continu du petit déjeuner au dîner, même en-dehors des heures d’ouverture, et affiche une carte réalisée à partir de produits régionaux et de quelque 500 vins provenant de 50 pays. Au rez-de-chaussée, une brasserie et un snack complètent l’offre.

Au rez-de-chaussée, place à la Boutique ; à la Cave riche de 14 000 bouteilles aux 800 références issues de 70 régions viticoles, la plus grande d’Europe en matière de vins du Monde ; enfin, au Salon de lecture dont la bibliothèque renferme quelque 2 100 ouvrages sur le vin, en 22 langues.

A ne pas manquer !

A l’occasion des Fêtes de la Toussaint, des ateliers de dégustations ont été mis en place :
  • samedi 21 octobre, découverte des Grands Crus de Bordeaux ;
  • jeudi 26 octobre, les Vins mystères d’Halloween ;
  • jeudi 2 novembre, les surprenants accords vins blancs et fromages.
La Cité du Vin de Bordeaux entraîne dans un voyage initiatique et confondant n’existant nulle part ailleurs, de par l’étendue et l’universalité des sujets abordés…

www.bordeaux-tourisme.com
www.laciteduvin.com

 
Mercredi 18 Octobre 2023
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