Le massif du Sancy troglodytique

 

Non loin de Besse-et-Saint-Anastaise, la petite commune de Saint-Pierre-Colamine renferme une curiosité naturelle creusée de la main de l’homme. Ici, au Moyen Âge, la population s’est réfugiée au pied d’un éperon rocheux vertical et l’a façonné de manière à pouvoir l’habiter et en faire une citadelle quasi imprenable avec une vue sur la vallée de la Couze Chambon à vous couper le souffle. A l’origine, le site de Jonas est un volcan dont la dernière éruption date de 6 900 ans. Les hommes ont creusé, dans son cœur de basalte rouge - résultante de l’oxydation du fer qu’il contenait soumis à l’extrême température régnant alors -, des cavités troglodytiques en hauteur s’élevant sur cinq niveaux mais peu profondes. On y trouve là ce qui faisait l’essentiel d’une vie en communauté au XIème siècle. 

Dans les quelque soixante cavités, d’abord la barbacane assurant la protection, puis la chapelle Saint-Laurent-des-Roches et ses fresques miraculeusement protégées des affres du temps. La boulangerie et son four à pain précèdent le château, la demeure seigneuriale lotie d’un escalier à vis creusé dans la roche. Enfin, la maladrerie ou mouroir permettant d’isoler les malades infectieux notamment ceux de la peste, courante à l’époque. Cheminées et latrines complètent l’ensemble. Mais après les guerres de religion, les habitants désertent le site et s’installent dans la vallée.
 

La visite du site nécessite le franchissement de quelque 500 marches avec, de préférence, de bonnes chaussures.

Aujourd’hui, Mathieu Pons ou, plutôt, le sieur Melchior de Jonas, maître des lieux, organise, chaque été, des spectacles hauts en couleur. Accompagné, entre autres, du moine-soldat, Hospitalier de Jérusalem, Frère Odon d’Orcival et de la Dame de Jonas vous contant quelque poème ou vous chantonnant, à la manière des trouvères d’antan, une courtoise chanson de geste. A moins que ce ne soit un pan de l’histoire du site de Jonas…                                            

Après les 500 marches de la citadelle de Jonas, direction l’Auberge des 500 Diables pour le manger et le coucher. Une demi-heure de route suffit. Avec l’assurance d’une halte dépaysante.

Rien à voir avec la célèbre expression ! Nous nous y rendons l’esprit serein.  Aux 500 Diables est plus qu’une agréable auberge. Nichée à 1 200 mètres dans un écrin de verdure, c’est aussi un écolodge complété de tentes suspendues au-dessus du ruisseau de montagne dont le murmure berce jusqu’à l’endormissement.

Blottie à Chambon du Lac, au pied de l’ancienne station de Chambon de Neiges, cette auberge de montagne s’est adaptée aux nombreux randonneurs de tous poils, en raquettes en hiver ou en grosses chaussures de marche dès le début de la belle saison. L’endroit est idéal pour une immersion en pleine Auvergne profonde et se prête à la détente. Cela, Isabelle l’a bien compris, qui offre une carte gourmande de produits locaux, apte à retaper les sportifs en herbe. A l’incontournable truffade servie dans sa poêle, accompagnée de charcuterie de montagne et de sa salade verte, succèdent d’autres plats régionaux emblématiques tels le pounti (plat campagnard par excellence alliant farine, restes de jambon cru, pruneau, herbes du jardin, lait et œufs…) ou bien encore, les tripoux, le caquelon d’aligot, le demi saint-nectaire gratiné… Sans oublier quelques plats de cuisine traditionnelle ! A cela, vient s’adjoindre une carte de pizzas napolitaines préparées devant vous par la chef pizzaïolo maison. L’intérieur mi-campagnard, richement décoré d’objets anciens, est un gentil cocon douillet dans lequel il fait bon, aux frimas, se réchauffer. A la belle saison, une belle terrasse ombragée ravit le visiteur soucieux de se préserver des rayons inquisiteurs du soleil.